samedi 24 octobre 2009

Le mot en S

On sort de chez moi, avec Mamie Antigone, je porte une jupe, pas dans un but particulier, ça m'arrive.
On croise un groupe de jeunes hommes, l'un d'entre eux se retourne sur mon passage, puis commente, d'une voix aussi forte que le permet l'abus d'alcool un jeudi soir rue Ecuyère:
"T'AS VU LA SALOPE!"
Je me retourne, et pour une fois je n'ai rien à dire, ma grande bouche reste ouverte, un léger appel d'air, mon temps de réaction est suffisamment long pour que Mamie fasse volte-face et lui dégaine son majeur. Tentant de reprendre contenance, je balbutie
"J't'emmerde!"
L'incident est clos, on reprend la route, Mamie est scandalisée, moi muette, j'ai brusquement déssoûlé.

Ce n'était pas le premier, et ce ne sera pas le dernier, tu peux quoi contre ça?

Avec mon cerveau plein de théories fumeuses et d'idées fantaisistes sur le respect et l'égalité
je me suis faite castrer par un post adolescent bourré.
Avec une phrase des plus banales.
Niée. J'aurai volontiers fait usage de la force, rallié toute la rue à cette scandaleuse agression pour un lynchage improvisé, demandé à ce viril représentant du sexe fort si sa mère portait des jupes que rien n'aurait changé à ça.
Je suis une salope.

Alors quoi, on forme une milice de salopes, on exécute l'indélicat à titre d'exemple, plus jamais ça, désormais nous ferons la loi nous-même dans les rues, on tire à vue sur les hommes avec des sous vêtements en lycra reconvertis en lance-pierres, on organise des processions, avec des tampons usagés enflammés en guise de torches, on organise des rafles dans la ville pour faire des strings aux hommes en tirant sur leur caleçon bien haut vers le ciel, on baisse leurs frocs, on les viole, on les force à porter des jupes, et le mouvement s'intensifie, de partout les femmes nous rejoignent, ils vont payer on leur fait manger du rouge à lèvres, on leur enfonce les talons de nos chaussures dans le cul, on les émascule, et puis, on marche sur la capitale, on séquestre le président, on exige des résultats, des changements, même si des offenses pareilles ne pourront jamais être réparées, pardonnées, désormais le pouvoir nous appartient, le sort en est jeté...
Non
On baisse la tête.
Et on hausse les épaules
par Prostate

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire